Panthere,
Quand tu écris:"Le principe de sécurité sociale est à valeur constitutionnelle, mais pas son contour.", je pense comprendre ce que tu écris, mais ce n'est pas très explicite et argumenté et sans référence à des sources objectives. Le principe de protection sociale (qui va d'ailleurs au delà de la sécurité sociale) est inscrit dans notre constitution, voilà tout. Je comprends ce que tu veux exprimer mais, cependant, je te pose en retour une question. Comment être crédible dans un appel à la démocratie (ici à aller voter aux élections présidentielles) si tu crois que la constitution de cette dernière peut être vidée de toute substance ? Avoir un esprit citoyen, ce n'est pas uniquement conditionné par le droit de voter aux élections présidentielles. C'est aussi croire dans nos institutions républicaines et à la constitution qui fonde notre république.
Quand tu écris:"L’étendue de la protection est livrée au bon vouloir des gouvernements." La tournure de ta phrase me semble biaisée par tes peurs politiques. Il serait plus juste d'écrire que l'étendue de la protection est proportionnelle aux moyens dont dispose le pays pour la maintenir. Comme je le disais précédemment, il y a une redistribution géo-politique et économique mondiale. Les flux de populations ont également bien changé. Il est claire que le contexte actuel est défavorable pour l'ensemble des pays occidentaux (on le voit bien chez certains de nos voisins...). Il y a un durcissement mondial qui va modifier à terme des éléments de notre politique intérieure. Mais ceci n'a rien à voir avec "le bon vouloir des gouvernements", ou des vilains politiciens. Les gouvernements successifs naviguent à vue avec les (pauvres) moyens dont ils disposent et avec les idées qu'ils pensent bonnes pour le pays. Pour ma part, je pense que nous avons mangé tout notre pain blanc et que les gouvernements qui vont se succéder n'y peuvent plus grand chose. Mais ça c'est ma croyance à moi !
Quand tu écris:" les délais d’attente pour se faire prendre en charge à l’hôpital sont de plus en plus longs, ce n’est un secret pour personne, hélas...". Et bien c'est peut-être un secret pour Grenoble où je travaille comme personnel para-médical. Certes, comme le fait remarquer entr2o, on peut épuiser ce secteur d'activité en usant le personnel. Mais pour l'instant on tiens bon. Et les patients que nous envoyons en clinique ou au CHU partent sur le champ alors que je travaille la plupart de temps en gériatrie (qui est un des parents pauvres du soin en termes de moyens financiers et de priorité de soin...).
Ce qui me gêne dans ton discours, ce n'est pas réellement ce que tu dis. D'une part car cela peut s'avérer vrai sur certains points et d'autre part car cela t'appartient et que c'est donc forcément légitime (à mes yeux) puisque tu le pense. Ce qui me gêne, en revanche, c'est que tu exposes tes croyances comme si c'était des vérités (et non des points de vue) et que tu en déduit des conclusions d'ordre politique (subjectives). Enfin, les croyances que tu exposes véhiculent des peurs que tu exposes comme des réalités. La peur est une émotion nécessaire à notre survie, mais en matière de raisonnement politique, il est utile d'être le plus factuel possible et de prendre de la distance sur le pessimisme et l'effroi (mais je conviens que ce dernier point est une croyance qui me regarde !
).
En conclusion, je le redis: inciter à nouveau des électeurs potentiels à retourner aux urnes passe plutôt par redonner l'envie de croire que donner sa voix à un homme politique est constructif et motivant. Mais agiter des épouvantails dans ce but s'avère souvent contre-productif.