Sommeil et diabète
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Sommeil et diabète
FRÉDÉRIC SOUMOIS. Journaliste LeSoir. 4 avril 2013
Endocrinologie : Trop peu d’«hormone du sommeil» double le risque de diabète.
=> La mélatonine est trop rare chez les patients qui déclenchent un diabète.
=> Les chercheurs vont tester soit un supplément de mélatonine, soit un allongement du temps de sommeil.
Un risque plus que doublé de contracter le diabète si l’on sécrète moins de mélatonine, dite «l’hormone du sommeil», c’est la surprenante découverte que vient de faire une équipe de scientifiques de Boston, qui publient leurs découvertes dans le Jama (Journal of the American Medical Association) publié mercredi. «C’est la première fois qu’une association a été établie entre la sécrétion nocturne de mélatonine et le risque de diabète de type 2», explique le docteur Ciaran McMullan, principal auteur. On soupçonne la mélatonine d’être non seulement l’hormone centrale de régulation des rythmes chronobiologiques mais peut-être aussi de l’ensemble des sécrétions hormonales. Elle est produite par la glande pinéale dans le cerveau en réponse à l’absence de lumière, son pic étant constaté de 3 à 5 heures après le coucher.
«Des recherches précédentes avaient montré que la mélatonine pouvait jouer un rôle dans le métabolisme du glucose. On trouve des récepteurs de cette hormone dans de nombreux tissus du corps, y compris dans les cellules d’îlots pancréatiques du pancréas, ce qui montre qu’elle a de larges effets dans la régulation du métabolisme de l’énergie et de la régulation du poids corporel, explique le scientifique. Des mutations qui rendent ces récepteurs non fonctionnels sont associées à l’apparition de la résistance à l’insuline et de diabète de type 2.» L’insuline, une hormone produite par le pancréas, permet le stockage du glucose, produit final de la digestion des aliments. Dans un diabète de type 2, l’insuline est insuffisamment produite par le corps ou n’est plus assez efficace pour remplir sa fonction.
Dans une cohorte de surveillance à long terme, dite «Nurses’ Health Study», les chercheurs ont analysé des échantillons d’urine et de sang prélevés entre 2000 et 2012 chez 370 patients qui ont développé un diabète durant cette période et les ont comparés avec des échantillons de 370 autres patients qui n’ont pas développé cette maladie et qui leur sont par ailleurs comparables en tout, y compris les caractéristiques démographiques, les habitudes de vie, les mesures de qualité du sommeil, ainsi que des biomarqueurs d’inflammation ou de mauvaise fonction endothéliale. Ils ont constaté que la sécrétion de mélatonine variait énormément entre les patients, de 14 à 67 nanogrammes par milligramme de sang. Les chercheurs ont trouvé que ceux qui avaient le moins de mélatonine dans les urines avaient plus de 2 fois plus de risques de développer un diabète que ceux qui en avaient davantage. Les chercheurs ont pris soin d’isoler les différences liées à l’index de poids corporel, la ménopause, un diabète familial ou une hypertension, l’usage de bêtabloquants ou de médicaments anti-inflammatoires.
«Sur base de ces nouvelles données, ainsi que des recherches précédentes, qui prouvent notamment, chez l’animal, qu’une sécrétion réduite de mélatonine peut conduire à un diabète de type 2, on peut donc raisonnablement postuler qu’il y a un lien causal entre un taux réduit de sécrétion de mélatonine et le risque de diabète. Il est évidemment nécessaire de développer de nouvelles études pour déterminer si des niveaux de mélatonine augmentés, soit en prenant des suppléments de mélatonine, soit en prolongeant le temps d’exposition à l’obscurité, pourraient rétablir un bon niveau de sensibilité à l’insuline et diminuer l’incidence du diabète de type 2», expliquent les auteurs de la recherche.
FRÉDÉRIC SOUMOIS
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Re: Sommeil et diabète
Fr.So 4 avril 2013
Expertise
Des teneurs en mélatonine particulièrement basses sont observées chez les diabétiques de type 2. Mais est-ce la cause ou la conséquence? «La manière dont l’étude a été menée répond à cette question effectivement interpellante, puisque les personnes ont été suivies durant une douzaine d’années et que ce sont celles qui avaient des taux réduits qui ont développé la maladie, explique le professeur Jean-Paul Thissen, endocrinologue aux cliniques universitaires St-Luc (UCL). Ce qu’on constate toutefois, c’est une association. On suspecte une cause à effet, mais sans pouvoir, pour l’instant, en expliquer le mécanisme. Mais on sait par ailleurs que le manque de sommeil est un facteur de risque connu du déclenchement du diabète de type 2, ce qui renforce cette hypothèse.» Comment expliquer ce lien? «Il y a des mécanismes mis en évidence. Quand on dort peu, on constate une hausse de la ghréline, une hormone qui stimule l’appétit, tandis que les taux de leptine, une hormone qui induit la satiété, descendent au contraire. Bref, dormir trop peu augmente le risque de manger plus et est un facteur de risque de développer une obésité ou un diabète de type 2. De plus, moins on dort, davantage on dispose de temps pour manger. Enfin, si on est fatigué par le manque de sommeil, on bouge moins, on fait moins fonctionner l’organisme. Manifestement, les grands rythmes de la journée et de la nuit, de la veille et du sommeil, dictent aussi le rythme, via le cerveau, des autres organes, comme le foie, les tissus adipeux ou les muscles. La mélatonine pourrait apparaître comme régulatrice. On sait par exemple qu’une femme plongée totalement dans le noir n’a plus de cycle menstruel. La lumière régule donc aussi les gonadotrophines, des hormones pilotant les gonades.»
Selon le professeur Jean-Paul Thissen, c’est une bonne idée de tester si la modification du taux de mélatonine peut influencer le risque de diabète de type 2. Mais il n’est pas certain que cela fonctionne. «La question est de savoir si ce taux de mélatonine est un marqueur ou un acteur du déclenchement de la maladie. Si c’est un marqueur, le modifier ne changera rien. Mais si des gens avec des taux de mélatonine augmentés ont un taux réduit de déclenchement de la maladie, on pourra en conclure que c’est un acteur. En attendant, retenons qu’il est d’ores et déjà certain qu’un déficit ou une mauvaise qualité de sommeil est un facteur de risque pour la maladie. Et que respecter son rythme nycthéméral (NDLR: désigne l’alternance jour et nuit et un cycle biologique de 24 heures) est un bon atout contre le diabète.»
Fin de l'article
PS: On fait aussi tester par une prise de sang son taux de HbA1c (hémoglobine glyquée) qui doit être inférieur à 6.
2 mesures, à 3 mois de distance au moins.
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